Milot Delva

D’abord, je souhaiterais commencer par vous remercier du plus profond de mon cœur pour votre présence et votre soutien en ces moments si difficiles. Nous apprécions vos déplacements de partout pour rendre à Milot un dernier hommage et il vous en serait également reconnaissant.

Milot Delva est né le 10 décembre 1957 et nous a quittés dans la nuit du 19 octobre 2023.

Milot était bien plus qu'un simple nom sur un acte de naissance, il était un frère, un père, un oncle, un cousin, un ami, un collègue, et son impact sur chacun de nous était unique. Chacun d'entre vous a vécu des moments spéciaux avec cet homme. Mais nous sommes tous unanimes pour dire que Milot était un homme de caractère, doté d'un sens de l'humour inégalable (je suis certain que beaucoup d’entre vous a une de ses nombreuses blagues en tête). Iyo, comme l'appelaient affectueusement tous les membres de la famille, ou encore "Granmoun Gro Nen An" pour certains, et "Milot" pour d'autres, était une véritable pépite de joie. Il avait cette capacité à trouver de la légèreté dans chaque situation, à plaisanter à tout moment. Sa musique reggae de fond, ses collègues de travail s'en souviendront à jamais.

Ceux qui connaissaient Iyo savaient aussi qu’il n’y avait plus bavard que lui. Il pouvait passer des heures au téléphone avec ses proches et amis sans jamais se lasser.  Iyo savait aussi vivre dans l'instant présent, parfois avec insouciance, sans se soucier du lendemain ni même des détails qui semblent signifiants. Il se moquait des restrictions alimentaires qui auraient pu affecter sa santé, car il avait toujours une astuce pour contourner les règles, que ce soit pour lui-même ou en conseillant ceux qui avaient des soucis de santé.

Il faut dire aussi qu’Iyo était parmi les gens les plus courageux qui existent. Sa première femme Kethline, a laissé ce monde en lui laissant la charge de 3 enfants (dont un bébé) et malgré son deuil personnel, il a trouvé le moyen d’apporter du bonheur à sa famille. Et comme si cela n’était pas assez pour lui, la vie a encore frappé de plein fouet quand sa fille cadette Milonika et sa seconde femme Marjorie ont disparu lors du séisme du 12 Janvier 2010 en Haiti, lui infligeant une nouvelle fois une souffrance incomparable. Mais cela ne l’a pas découragé et il a continué à lutter avec sa famille nouvellement agrandie. Cela étant dit, vous aurez  compris qu’Iyo était forgé par la soufrance et le deuil et que la vie ne l’a point épargné, mais il trouvait toujours une raison de vivre et de continuer à survivre pour le bien de sa famille.

Iyo était en effet le genre de personne prête à se sacrifier pour le bien-être de ceux qu'il aimait. Je me souviens du jour où il m'a parlé de sa retraite anticipée qui lui a été proposée, et ses paroles me touchent encore   profondément aujourd'hui. Il a dit: “Dès que vous serez près de moi, je prendrai ma retraite et je me reposerai." Malheureusement, il ne pourra pas réaliser ce projet qui lui tenait tant à cœur. Il se languissait de nous revoir, de nous blottir dans ses bras, de profiter de nos gestes d'affection, comme les massages des pieds qu'il chérissait tant, ou encore les caresses sur son cuir chevelu, ses éternelles faiblesses. Il était fatigué, il nous le disait tout le temps, mais il se battait pour nous, et s’est battu finalement jusqu’à son dernier souffle.

Il faut préciser aussi que sa lutte n'a pas commencé aux États-Unis, mais en Haïti. Iyo faisait tout ce qui était nécessaire (à l'exception du vol) pour subvenir aux besoins de sa famille. Certains se souviendront de lui comme un technicien exceptionnel (son métier de base), travaillant dans les hopitaux de Port-au-Prince,  réparant toutes sortes de materiels de bureau, dans les années précédant l'an 2000 et début 2000. Mais pendant une période de notre vie, notamment dans les années 2000, c’était le dentiste qui payait les factures, le loyer et l'éducation de ses enfants. En 2012, lorsqu'il est arrivé aux États-Unis, il a immédiatement adopté un nouveau secteur d’activité, car ce qui comptait le plus pour lui, c'était qu’il ramenait le pain quotidien, et surtout assurer l’éducation de ses enfants. Pour cela, nous lui serons éternellement reconnaissants.

Je ne suis pas là pour vous dire que Iyo était un homme parfait, car il ne l'était pas, mais nous l'aimions pour toutes ses imperfections. Il était un charmeur invétéré, Il n'était pas toujours présent physiquement car il vivait loin de nous depuis plus de 10 ans, mais l'amour qu'il portait à ses enfants était inébranlable. Il pouvait oublier des anniversaires ou des dates importantes, mais il savait toujours transformer ses oublis en moments de dérision, et nous lui pardonnions toujours car il avait une facon unique, que nous ne pouvions être fâchés contre lui longtemps. Lui même d’ailleurs n’était pas rancunier, car pour lui la vie se vivait au jour le jour, il s’énerve aujourd’hui et demain il est redevenu ton meilleur ami. Youry pourra en témoigner car c’est le fils qui lui tappait le plus sur les nerfs.

Enfin, je ne vous dirai pas qu'Iyo était prêt à affronter la mort, car personne ne l'est vraiment. Dieu l’a seulement appelé avant nous et cette perte nous rappelle qu’içi bas, notre vie est peu de choses et qu’il est toujours crucial d’aimer autant que possible au jour le jour. Parfois, tout ce qu'il nous reste, c'est une journée, une heure, voire quelques minutes. Je peux vous dire par contre, que nous n'étions pas prêts à le voir partir, encore moins de façon aussi soudaine, car nous avions tant à partager à nos retrouvailles, tant de rêves en commun à réaliser. Et tout le monde sait qu’on n'est jamais préparé au départ d'une personne que l'on a aimée pendant toute sa vie. Mais nous souhaitons te dire, où que tu sois, Iyo, ne t'arrête pas, va en paix. Tu as déjà accompli tant de choses et tu mérites cette sérénité. Nous sommes fiers de t’avoir eu pour père, ta grande ouverture d’esprit et ton humour manquerons à tout le monde et nous manque déjà beaucoup. Nous n’aurons certes plus nos discussions interminables mais ta voix reste à jamais gravée dans nos coeurs. Surtout, ne laisse pas les regrets de désirs inaccomplis te retenir de cette nouvelle aventure. Tu as vécu, tu as souffert, tu a connu le deuil, la joie, le bonheur et tu a le droit de t’en aller, nous acceptons ton départ et nous trouverons la force d'aller de l'avant, nous n’aurons qu’à nous souvenir de ta voix, ta bonne humeur, ta bonté et ton éternel optimisme. Tous tes enfants sont passés par le deuil de perdre leur mère et cette expérience nous a rendus plus forts, et étant tes enfants nous sommes certains que nous sommes dotés de la même force que toi, et forgés par la douleur, nous ne serons que plus vaillants. Et sache que, dans une prochaine vie, on te choisirait toujours comme père.

We love you forever! Until we meet again!

First and foremost, I would like to begin by thanking you from the bottom of my heart for your presence and support in these very difficult times. We appreciate you traveling from near and far to pay your final respects to Milot, and he would also be grateful for it.
Milot Delva was born on December 10, 1957, and he left us on the night of October 19, 2023.
Milot was much more than just a name on a birth certificate; he was a brother, a father, an uncle, a cousin, a friend, a colleague, and his impact on each of us was unique. Each of you shared special moments with this man. But we all agree that Milot was a man of character, blessed with an unmatched sense of humor (I'm sure many of you have one of his many jokes in mind). "Iyo," as all family members affectionately called him, or "Granmoun Gro Nen An" to some, and "Milot" to others, was a true source of joy. He had the ability to find lightness in every situation, to joke at any time. His reggae music in the background, his colleagues at work will never forget.
Those who knew Iyo also knew that there was no one more talkative than him. He could spend hours on the phone with loved ones and friends without ever getting tired. Iyo also knew how to live in the present moment, sometimes with carelessness, without worrying about tomorrow or even the details that seem significant. He laughed at dietary restrictions that could have affected his health because he always had a trick to bend the rules, whether for himself or when advising those with health concerns.
It must be said that Iyo was among the bravest people who exist. His first wife, Kethlie, left this world, leaving him with the responsibility of three children (including a baby), and despite his personal grief, he found a way to bring happiness to his family. And as if that weren't enough for him, life struck again when his youngest daughter, Milonika, and his second wife, Marjorie, disappeared during the earthquake of January 12, 2010, in Haiti, inflicting new and unimaginable suffering. But this did not discourage him, and he continued to fight with his newly expanded family. That being said, you will understand that Iyo was forged by suffering and grief, and life spared him no hardship, but he always found a reason to live and continue to survive for the sake of his family.
Iyo was indeed the kind of person ready to sacrifice himself for the well-being of those he loved. I remember the day he talked to me about the early retirement offered to him, and his words still deeply touch me today. He said, "As soon as you are close to me, I will retire and rest." Unfortunately, he will not be able to realize this project that meant so much to him. He longed to see us again, to hold us in his arms, to enjoy our gestures of affection, like the foot massages he cherished so much, or the caresses on his scalp, his eternal weaknesses. He was tired, he told us all the time, but he fought for us and fought until his last breath.  It should also be noted that his struggle did not begin in the United States, but in Haiti. Iyo did whatever was necessary (except robbery of course) to provide for his family's needs. Some will remember him as an exceptional technician (his basic profession), working in hospitals in Port-au-Prince, repairing all kinds of office equipment in the years leading up to 2000 and the early 2000s. But during a period of our lives, especially in the 2000s, the denstist was the one paying the bills, rent, and educating his children. In 2012, when he arrived in the United States, he immediately adopted a new line of work because what mattered most to him was bringing home daily bread and, most importantly, ensuring his children's education. For this, we will be eternally grateful to him.  I'm not here to tell you that Iyo was a perfect man because he wasn't, but we loved him for all his imperfections. He was a confirmed charmer. He was not always physically present because he had been living far away from us for more than 10 years, but the love he had for his children was unwavering. He could forget birthdays or important dates, but he always knew how to turn his forgetfulness into moments of laughter, and we always forgave him because he had a unique way that made it impossible for us to stay angry with him for long. He himself was not resentful because, for him, life was lived day by day. He might get upset today, and tomorrow he would be your best friend again. Youry can testify to that because he was the son who annoyed him the most.
Finally, I won't tell you that Iyo was ready to face death because no one really is. God only called him before us, and this loss reminds us that here on Earth, our lives are fragile, and it is always crucial to love as much as possible day by day. Sometimes, all we have left is a day, an hour, or even a few minutes. I can tell you, however, that we were not prepared to see him go, especially not so suddenly, as we had so much to share when we reunited, so many dreams to fulfill together. And everyone knows that we are never prepared for the departure of someone we have loved all our lives. But we want to say to you, wherever you are, Iyo, don't stop, go in peace. You have already achieved so much, and you deserve this serenity. We are proud to have had you as our father; your open-mindedness and humor will be missed by everyone and are already deeply missed. We will no longer have our endless discussions, but your voice remains forever etched in our hearts. Above all, don't let the regrets of unfulfilled desires hold you back from this new adventure. You have lived, suffered, experienced grief, joy, happiness, and you have the right to go, and we accept your departure. We will find the strength to move forward. We'll just remember your voice, your good humor, your kindness, and your eternal optimism. All your children have experienced the loss of their mother, and this experience has made us stronger. As your children, we are certain that we are endowed with the same strength as you, forged by pain, we will only be braver. And know that in a future life, we would choose you as our father again, and again.

We love you forever! Until we meet again!

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